Le garçon en fleurs

Jarvis
Le garçon en fleurs - Jarvis
Cet album fleuri, d'une douceur subtile et pleine de poésie, met à l'épreuve l'amitié. Il invite aussi à l'empathie et à la créativité.
 
Quelle bizarrerie ce visage de petit garçon en fleurs sur la couverture. En même temps, c'est une bizarrerie très jolie et en relief qu'il est agréable de caresser. C'est doux et délicat comme David, le meilleur ami du petit narrateur. Cette amitié est réciproque comme le montre le dessin du garçon aux cheveux fleuris. Elle s'illustre aussi quotidiennement : en sautant dans des flaques d'eau les jours de pluie, en fuyant les abeilles attirées par pollen les jours de soleil.

Mais des fleurs, ça fane aussi… « Cet après-midi-là, il ne voulait pas jouer », nous dit le narrateur esseulé dans une double page clairsemée de pétales qui raconte sans le dire le vide affectif ressenti. La tristesse est palpable et les pages qui suivent changent de couleurs. Il n'y a plus de fleurs sur le crâne de David mais un bonnet pour dissimuler des branches piquantes.
Le texte n'explicite pas le désarroi de David laissant à chaque petit et grand lecteur la possibilité de l'interpréter avec sa propre sensibilité et son vécu. Mais ce que montre l'histoire, c'est la manière dont le narrateur affronte l'épreuve. D'abord en restant auprès de David alors que tous les autres enfants, inquiets, s'en éloignent. Puis en cherchant une solution concrète à ces cheveux branchus… L'amitié rime aussi avec créativité.

Au-delà des émotions suscitées par des ellipses et des illustrations subtiles qui racontent le lien entre les deux petits garçons, cet album invite à l'empathie sans pour autant gommer l'incompréhension, la peur, la douleur… Les silences, qui s'installent entre les lignes d'un texte à la sobriété remarquable, ouvrent des espaces de discussion entre le tout-petit et l'adulte qui lit l'album avec lui.
En filigrane, ces non-dits rappellent que l'amitié ça se cultive et quand l'eau ne suffit plus pour qu'elle fleurisse, ce qui peut arriver à plusieurs reprises, il faut chercher d'autres idées pour la raviver et ne pas les oublier « au cas où » !

A partir de 3 ans 
 
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Article rédigé par : Anne-Flore Hervé
Publié le 06 mai 2022
Mis à jour le 18 mai 2022