Les jardins d’enfants définitivement sauvés !

Par un ultime vote du Sénat, après un long combat de presque cinq années, les jardins d’enfants ont été sauvés de la loi Blanquer qui les condamnait à disparaitre à la rentrée prochaine. Jeudi 19 mars, les sénateurs ont largement adopté, sans modification et en première lecture, la proposition de loi transpartisane portée par la députée Michèle Tabarot (LR) et votée par les députés le 1 février dernier. Une vraie victoire pour ces lieux d’accueil atypiques et si qualitatifs, pour tous ceux qui n’ont jamais cessé d’y croire et les ont vaillamment soutenus ces dernières années.
Enfin ! A quelques mois de la prochaine rentrée scolaire, le Parlement vient de sauver les jardins d’enfants, que la loi Blanquer allait rayer de la carte. Il aura fallu près de cinq années d’un combat de conviction, pour que la proposition de loi de Michèle Tabarot, visant à pérenniser les jardins d'enfants  éxistants gérés par une collectivité publique ou bénéficiant de financements publics, soit enfin adoptée par le Parlement.

Une belle victoire qui arrive un peu tard, regrette Elsa Schalck (LR), à l’initiative d’une proposition de loi visant à préserver les jardins d’enfants en juin 202 : « Les effets de la loi de 2019 se sont déjà fait sentir. Le nombre d’enfants accueillis dans les jardins d’enfant est en forte diminution, bon nombre d’entre eux se sont déjà transformés en crèche et quinze jardins d’enfants ont fermé leurs portes en 2023. ».

Un vote, de conviction, de raison ou d’apaisement
Votée in extremis  mais à une large majorité par l’Assemblée Nationale le 1er février dernier , au terme d’une longue soirée, la proposition de loi était à l’ordre du jour de ce 19 mars au Sénat, pour un dernier acte, en présence de Sarah El Hairy, ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles. Bien que le Sénat semble acquis à la cause des jardins d’enfants, avant même l’ouverture des discusssions, on ne pouvait qu’appréhender le positionnement de la ministre Sarah El Hairy. En effet, fin 2022, alors qu’elle était secrétaire d’État auprès du ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye, elle était montée au créneau au Sénat pour non seulement défendre bec et ongle la loi Blanquer mais aussi démolir en règle les jardins d’enfants . Dans un discours d’équilibriste un peu pataud, elle a, hier, défendu la loi pour une école de la confiance, minimisé l’ampleur de son impact sur les jardins d’enfants , mais malgré ce flou, tous ont compris qu’elle ne se s’opposerait pas au nom du gouvernement ( ce qu'avait déjà dit l'actuel premier ministre  quand il était rue de Grenelle)  qu’elle ne s’opposerait au vote de la loi.

Les différentes interventions  lors de la discussion ont reflété  cette position  ne voulant fâcher personne, car au sein d’un même groupe  (notamment dans la majorité présidentielle) les avis ont divergé
Néanmoins, l’amendement de Nadège Havet (Renaissance) proposant de donner deux ans de plus aux jardins d’enfants pour se mettre en conformité avec la loi, a été retiré avant même d’être mis au vote. Son auteur avait insisté sur de la différence de diplôme entre « les encadrants des jardins d’enfants et les enseignants des écoles maternelle ». « Les cinq ans de dérogation n’ayant pas permis de mettre en œuvre les conditions pour rétablir cette différence, cet amendement propose de repousser la date de la dérogation », a expliqué la sénatrice

« On arrive au terme d’un long combat. (…) notre vote est attendu par les familles, par les professionnels de ces structures. (…)  Il s’agit de la dernière chance pour garantir un avenir aux jardins d’enfants », a martelé la sénatrice Agnès Evren (LR), rapporteure de la commission de de la culture du Sénat, qui avait la veille et à la quasi-unanimité, adopté conforme la proposition de loi visant à pérenniser les jardins d’enfants.

 Le Sénateur Max Brisson (LR), fervent défenseur des jardins d’enfants depuis le début du combat  a réaffirmé  : « Vecteur de mixité sociale, de socialisation et d’inclusion, la pérennité des jardins d’enfants n’aurait jamais dû être remise en cause. Ce texte est de fait l’occasion de rectifier le tir ! »

Soulagement après cette victoire obtenue de haute lutte !
Une belle victoire pour, la Fédération nationale des jardins d’enfants (FNDJE), le collectif des jardins d’enfants parisiens, le collectif des jardins d’enfants de Strasbourg et ses environs, le collectif Decollaje, la FNEJE qui se sont investis dans ce travail de longue haleine pour mobiliser députés et sénateurs.
Aurélie Ira co-présidente de la FNDJE  jubile. « J'ai suivi avec attention les débats au Sénat et j'ai même été gagnée par l’émotion lors de l’intervention de la  sénatrice Schalck, qui est alsacienne et de Max Brisson qui nous soutient depuis le départ et que nous avons rencontré plusieurs fois. Le vote a été un très grand soulagement pour moi et une grande joie, car je suis intimement convaincue que le modèle « jardin d’enfants »est un modèle qui permet aux enfants de grandir sereinement, entourés de bienveillance et ainsi entrer avec plaisir dans les apprentissages.C'est aussi une très grande émotion pour Caroline David, ma co-présidente et moi, car nous avons donné beaucoup de nous et consacré énormément de temps et d’énergie dans ce combat pour sauver les jardins d’enfants et nous sommes très fières du résultat. »
Le collectif Decollage dans un communiqué, salue ce succès et remercie tous ceux qui y ont contribué mais demande à la Ville de Paris un moratoire d’un an «  sur tout projet de fermeture  ou de regroupement de jardins d’enfants pédagogiques , les inscriptions 2024/2025 ne pouvant commencer qu’avec retard . Après des années d’incertitude et de confusion, sur le sort qui leur serait réservé , le réflexe jardins d’enfants s’est émoussé. Laissons-lui le temps de se réinstaller ». Pour les parents des jardins d’enfants pédagogiques parisiens, le combat continue …

  Voir les débats du 19 mars au Sénat




 
Article rédigé par : Laurence Yéme et catherine Lelièvre
Publié le 20 mars 2024
Mis à jour le 21 mars 2024