Accueillir et prendre soin des jeunes enfants : travail visible et invisible ! Par Monique Busquet

Psychomotricienne, formatrice petite enfance

professionnelle de la petite enfance et petite fille
Du visible : donner à manger, à boire, assurer des soins d’hygiène, rassurer, consoler, porter, parler, permettre de dormir, de bouger, d’explorer, de jouer…  Et du moins visible : être en relation avec l’enfant, voir et prendre en compte ce qu’il manifeste, ajuster ses réponses.  
Ce travail moins visible se fait en plusieurs étapes nécessaires pour la qualité des réponses, même si elles sont souvent peu conscientes.

Regarder les enfants, percevoir leur langage corporel : leurs émotions, leurs envies, leurs craintes, les signes de faim, de sommeil, de maladie, de tristesse, de peur, les mimiques, le tonus, la détente, le retrait…    Cela demande d’avoir à la fois disponibilité psychique, envie et énergie pour donner cette attention et connaissance de ce qui est important à voir et prendre en compte.  En effet, nos formations guident nos perceptions et notre regard.

Décoder ce que l’enfant montre. Pour cela, il est également nécessaire d’avoir des connaissances et expériences suffisantes. Comprendre les besoins de l’enfant à travers ce qu’il manifeste n’a rien d’intuitif, cela s’apprend et se transmet.  Ainsi voir qu’un enfant ne pleure pas ne suffit pas pour penser qu’il se sent bien.

Accepter et supporter les pleurs, les cris, les colères, les expressions bruyantes, se laisser toucher, traverser, mais pas trop.  Il peut être difficile de comprendre ces appels et demandes de réconfort, sans peur, sans tristesse excessive ou culpabilité, sans énervement, sans mettre une carapace qui risque d’amener à de l’indifférence apparente, de l’éloignement, voire du rejet envers cet enfant. Pour cela pouvoir soi-même exprimer ses ressentis, être entendu et soutenu est indispensable.
    
Ajuster au mieux les réponses. Les connaissances du développement de l’enfant sont indispensables pour penser quelles réponses donner aux pleurs, aux passivités, aux agitations. Dire oui ou non aux demandes, venir en proximité, permettre une autonomisation progressive, sécuriser, savoir faire attendre ou non, savoir quoi dire à l’enfant, partager et être avec lui, agir dans quelle intention et de quelle façon ? Ainsi cet enfant qui bouge et s’agite beaucoup, a-t-il besoin d’espace pour « se défouler » ou au contraire de plus de calme et contenance, de présence apaisante, de supports de jeux adaptés ?    
    
Quelle gymnastique de pensée à exercer !  Quelles habitudes de réflexion à entrainer, individuellement et collectivement ! Que de compétences à développer !
La qualité de l’accueil passe par la qualité de toutes ces étapes : percevoir / décoder /faire des hypothèses sur ce qu’éprouve cet enfant, sur son besoin / avoir l’envie d’y répondre / penser comment y répondre, dans quelle intention, avec quelles organisations, quelles priorités pour cet enfant, au milieu des autres enfants et des autres contraintes ?

Des temps de réunion, socle de la qualité de ce travail invisible et de ces savoir-faire ! 
Des temps pour penser les organisations ; des temps pour exprimer ses émotions, ses ressentis, pour se sentir entendu, respecté et protégé ; des temps cliniques pour mieux comprendre chaque enfant, accompagner son développement, son bien-être ; d’autres temps encore d’analyse de pratiques pour revisiter ses propres réactions. 

Alors bon courage à toutes et tous, pour faire au mieux, dans les conditions de travail que vous avez. En espérant que chacun puisse avoir ces temps pour penser ses pratiques, se ressourcer, se former et pouvoir être fier de son travail !
 
Article rédigé par : Monique Busquet
Publié le 31 août 2023
Mis à jour le 07 septembre 2023