Changements de section à la crèche : comment les préparer et les organiser ?
Tous pour un, un pour tous !
« Nous privilégions toujours l’appartenance au groupe. C’est ce qui compte le plus. Beaucoup plus que l’âge » annonce d’emblée Rosa Molinero. D’où cette idée de faire bouger tous les enfants d’un même groupe ensemble et en en même temps. « On part de principe qu’un enfant qui rentre dans un groupe va le suivre durant ses trois années de crèche ». Et si l’on s’étonne : tous les enfants n’ont pas le même rythme, l’année de naissance ne fait pas tout (un enfant né en janvier ou en septembre n’en sont pas au même stade de développement), les acquisitions ne sont pas linéaires etc. Elle balaie rapidement ses arguments et répond sûre d’elle : « tout dépend de la façon dont le groupe est géré ! ». Et aux Anges de la Terre, on sait créer des espaces spécifiques pour chacun adaptés à ses besoins individuels. « Dans le groupe on veille aux individualités souligne-t-elle. Par exemple, chez les moyens en début d’année il y a des bébés de 10 mois mais aussi des enfants de 18 mois. Du coup, dans la salle on va différencier les espaces et les jouets ».
La référence, l’élément de stabilité
Pour chaque section, une référente et deux autres professionnelles, toujours les mêmes que les enfants connaissent bien. Quand les bébés migrent, tous ensemble, vers la section des moyens, ces trois personnes les suivent. « Du moins quand c’est possible. Mais la référente, elle, suit toujours les enfants pendant les deux premières années. C’est quand ils passent chez les grands qu’ils en changeront » explique encore Rosa Molinaro. Il faut dire que pour cette directrice, qui a commencé sa carrière dans une crèche Pikler-Loczy, l’attachement, la référence sont des notions essentielles à la sécurité affective des petits. D’ailleurs le changement de référente chez les grands est là encore pensé et anticipé pour qu’il ne soit pas insécurisant pour les enfants. « Au début des translations, début juin donc, la référente des grands va venir passer du temps chez les moyens. Tous les jours au même moment car c’est important de ritualiser le temps précise Rosa Molinaro. Et pendant les translation, ce sera l’inverse, c’est la référente des moyens qui va aller voir les enfants chez les grands ». Le changement de référente, malgré toutes ces précautions, peut néanmoins prendre un peu plus de temps pour certains enfants. Dans ce cas, les allers-retours de l’ancienne référente perdurent un peu plus longtemps.
Les objets et aménagements bougent avec les enfants
Quand ils changent de section, les enfants changent de salles…mais emportent avec eux « leur univers ». Leurs objets « personnels » mais aussi les aménagements ou réalisations de la section. Concrètement explique la directrice, « si chez les petits les professionnels ont créé un coin cocooning avec un gros coussin, une immense peluche … ce « coin cocooning » les suit chez les moyens. De la même façon quand ils passent chez les grands les décorations ou aménagements réalisés chez les moyens déménagent avec eux ». Autre exemple : chez les bébés, doudous et tétines sont à la portée des enfants en libre-service et à volonté ! Chaque bébé a un petit panier avec des jeux et jouets rien que pour lui, son doudou et sa tétine. Ce sont ses petites affaires personnelles… Ce panier bien sûr les accompagne chez les moyens où courant septembre après la grande migration il se transforme en pochette avec la photo de l'enfant où l’on met le doudou et la tétine. Chez les grands… les pochettes suivent mais un moment, c’est fini : tous les doudous vont dans le même panier et les tétines dans des boites à tétines. « C’est la continuité dans le changement » sourit Rosa Molinero.
Les translations : des changements tout en douceur
Les translations sont préparées en amont. « On en parle en équipe dès le mois de mars parce qu’il faut que je tienne compte aussi des souhaits des professionnels tout en prévoyant le moins de changements pour les enfants. En avril nous commençons à réfléchir aux espaces et à leur aménagement ». Les translations proprement débutent le 1er juin pour se terminer le 15 juillet. Elles s’étalent donc sur un mois et demi. Une durée assumée par Rosa Molinaro qui explique : « nous les gérons comme les adaptations. Nous accompagnons le changement, d’ailleurs pour les enfants qui partent en juillet nous prévoyons une mini-adaptation fin août car même les repas se prennent dans d’autres lieux ». Au début, les translations (qui ont lieu en même temps pour toutes les sections des deux unités) se font sur trois jours par semaine, quelques heures par jour. C’est très progressif et avec une série des allers-retours entre les deux sections, l’ancienne et la future. Et il y en aura autant que nécessaire « car les rythmes des enfants sont respectés et nous faisons un suivi très individualisé sur chaque enfant, précise Rosa Molinero. Il faut être prêt à tout remettre en cause pour un seul enfant ». Et que font les grands qui vont quitter la crèche pendant ces translations? Ils deviennent des trés trés grands à qui on commence à faire suivre un rythme d'école maternelle notamment pour les repas et la sieste dans des locaux réaménagés à cet effet comme la salle de réunion qui devient dortoir. ( photos).
Le changement de sections progressif bénéficie aussi aux parents … qui eux aussi s’habituent au nouveau lieu et chez les grands à de nouvelles personnes. Cela permet des échanges et des passages de relais.
Un système bien rôdé mais ouvert
Oui reconnait la directrice des Anges de la Terre, ces changements de section demandent beaucoup de travail d’équipe et une super organisation. Mais elle insiste aussi : « nous sommes organisées mais pas psychorigides. Bien sûr nous privilégions l’appartenance au groupe et la notion d’attachement, de référence mais nous savons aussi inventer et nous adapter à des situations différentes ». Cela peut être le cas avec enfants en situation de handicap ou quand des enfants intègrent la crèche en cours d’année. Mais aussi quand par manque de place les enfants ne sont pas accueillis dans le groupe d’âge qui leur correspond. « Si les enfants sont chez les bébés, ils sont alors associés lors des moments de jeu aux moyens. Et l’accueil se fait progressivement vers la section des moyens en cours d’année. Mais le lien affectif avec la référente (celle des bébés) est sauvegardé » ». Le credo de Rosa Molinero : on peut avoir une méga organisation et créer de l’exceptionnel. C’est pourquoi la crèche propose aux enfants des moments où les sections sont décloisonnées. Toutes les portes sont alors ouvertes et l’atrium devient le point de rencontre des enfants entre eux mais aussi des enfants avec d’autres professionnels.
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