Cher président. Par Arnaud Deroo

Consultant en éducation, thérapeute et psychanalyste, auteur

élection présidentielle 2017
Cher président

Je rêve de « toucher» votre cœur, votre sensibilité, votre humanité pour vous faire comprendre combien s'occuper réellement, vraiment, de la petite enfance et de sa famille sont des enjeux capitaux pour notre avenir.

Je dis souvent que s'occuper de la petite enfance, c'est faire du développement durable. Nous sommes, paraît-il, dans le pays des droits de l'homme et de la convention des droits de l'enfant. Pour autant, par moment, nous pouvons en douter. Il nous reste sincèrement des choses importantes à faire. En outre, quand j'écris ces mots, nous n'avons toujours pas signé la loi contre les châtiments corporels et humiliations faites aux enfants alors que plus de trente pays l'ont fait. Donner une fessée à un enfant semble encore être un acte éducatif admis dans notre pays ! S'occuper du jeune enfant n'est pas qu'une question privée. S'occuper du jeune enfant est un sujet d’État. Construire un nouveau monde s'élabore dès la petite enfance, dans le lien parent-enfant. Maria Montessori disait : « Si nous nous occupions des jeunes enfants différemment, le monde changerait », c'est tellement vrai. Respecter réellement le jeune enfant, offrir des adultes bien-veillants devraient être une cause nationale. Défendre un tel projet n'est pas utopique.

Les spécialistes de l'enfance n'ont de cesse d'attirer notre attention sur l'empreinte fondamentale des premières années. Ils nous rappellent que, si les adultes représentent insécurité, incertitude ou encore manque d'amour et de tendresse, naîtront alors chez l'enfant non seulement des sentiments d'agressivité et de violences psychologiques contre lui-même et contre la société mais aussi des difficultés d'apprentissage. De nos jours, les sciences humaines, neurologiques démontrent avec force combien ces postulats sont vrais. Même des économistes, prix Nobel, déclarent que les problèmes économiques relèvent aussi de mécanismes affectifs, d'éducation. Les comportements de violence, de furie que nous vivons depuis quelques temps trouvent aussi leur origines dans l'éducation et cette cause est rarement évoquée. Une éducation bienveillante, respectueuse de l'enfant ne fabrique pas des terroristes. Se « faire sauter » est vraiment un signe de non respect de soi et des autres. S'aimer et respecter l'autre s'apprennent dès les premières années et non dans la soumission, ni l'obéissance mais dans le respect et l'amour. Nier ces connaissances, ne pas mener une politique petite enfance sérieuse et efficace conduisent non seulement à des résultats douloureux générant de grandes détresses sur de longues périodes pour les enfants comme pour les familles, mais aussi à l'élaboration de politiques coûteuses, erronées, pensées seulement en termes quantitatifs et curatifs. Donc il est du devoir des adultes de susciter l'épanouissement de l'enfant dans un contexte familial et sociétal propice à son développement et ce, dès les premiers pas dans notre monde.
Aimons, et respectons réellement nos tout-petits.

Je vous demande Monsieur le président :
• de remettre le taux de qualification dans les structures à 50% ;
• de revoir le taux d'encadrement à 1/5 pour les marchants comme non les marchants ;
• d'instaurer l'obligation de trois journées de formation en intra par an pour toutes les équipes petite enfance ;
• d'organiser au rythme d'une fois par mois sur 2H des temps d'analyse des pratiques ;
• de revoir le fonctionnement des structures en supprimant la PSU qui alourdit le travail et fait oublier les fondamentaux de l'accueil et fragilise la sécurité psychique des enfants ;
• de poser les mêmes règles de fonctionnement pour les MAM et micro-crèches que pour les multi-accueil associatifs et municipaux ;
• de compléter les formations de base autour de modules de développement personnel ;
• de revoir la retraite pour les professionnels petite enfance : la difficulté de leurs fonctions n'a pas été prise en compte dans la réforme des retraites, ce qui me paraît aberrant devant la fatigue • psychique et physique de ces professionnels. Ils peuvent faire 35 h d'actions directes alors que d'autres intervenants éducatifs, comme les enseignants, n'ont pas le même temps auprès des classes alors que le travail est tout aussi impliquant ;
• de revoir la grille salariale des professionnels petite enfance, il est même indécent d'imaginer que des adultes qui accompagnent la construction de l'humain soient sur des salaires si bas. Un professionnel petite enfance a autant de valeur qu'un commercial ou un trader.

Je reste disponible pour m'entretenir avec vous sur tous ces sujets et si un poste de ministre petite enfance venait à se créer, merci de penser à moi.

Arnaud Deroo
Publié le 20 avril 2017
Mis à jour le 09 décembre 2019