Messages paradoxaux. Par Monique Busquet

Psychomotricienne, formatrice petite enfance

David ADEMAS
deux enfants à la crèche
Avez-vous déjà entendu parler de la notion de « doubles contraintes »  ou « messages paradoxaux » ?
Cette théorie du  « double bind » (double lien en anglais) a été développée par Bateson dans les années 50 et fréquemment reprise depuis. « Une mère offre à son fils deux cravates une verte et une rose. Lorsqu’il met la cravate rose, elle lui reproche de ne pas mettre la cravate verte qu’elle lui a offerte, et vice versa ».  Il est impossible de la satisfaire , de répondre aux deux demandes à la fois. Les exemples sont très nombreux « il est interdit de lire ceci » ou encore   « soyez spontanés ! »
Etre ainsi soumis à trop de contraintes ou pressions contradictoires et incompatibles, donne à vivre tension et sentiment d’impuissance, facteurs de souffrance psychique.

N’est-ce pas ce que vit l’ensemble des professionnels de la petite enfance (et ceux du « prendre soin », de façon plus large) ? Devoir prendre en compte les connaissances de plus en plus fines du développement des enfants tout en répondant à des contraintes toujours plus fortes (nombre de professionnels, charge de travail, temps de pensée sur les pratiques…). Individualiser les réponses à chaque enfant, mais dans des groupes d’enfants présents plus nombreux.

Le nombre et l’intensité de « ces messages paradoxaux » est bien évidemment cause de stress, tensions, découragements, maladies et risques psychosociaux, burn out, départs…

Nous avons tous besoin de pistes pour résister à ces pièges des doubles contraintes. En voici quelques-unes.
Tout d’abord, les repérer et les identifier :  cela permet de ne pas se culpabiliser de mal faire ou ne pas faire assez.  Nous ne sommes pas chacun responsable de ces situations.
Ensuite, les nommer, les rendre visibles, montrer l’absurde de la situation : il y a de plus en plus d’espaces de paroles et de visibilité (merci Les Pros de La Petite Enfance !). Aujourd’hui la petite enfance est en marche » et en mouvement dans ce sens.
Il est également indispensable de savoir que nous ne sommes pas seuls et de construire des réseaux de solidarité. Indispensable de pouvoir prendre du recul et garder nos libertés de penser.

Ensemble, nous pouvons chercher des marges d’action, rester inventifs et regarder nos zones de manœuvre, de possible, choisir nos priorités et rester centrés sur nos missions : la qualité de la relation à l’enfant.   Nous rappeler que les progrès dans la qualité d’accueil n’ont été rendus possible que par des pionniers, innovants, persévérants et combatifs pour apporter des changements, malgré les difficultés et fréquentes résistances des institutions.

Enfin nous pouvons développer d’autres ressources : la créativité, l’humour, l’art sous toutes ses formes !  Crier, chanter, danser, faire rire !
Alors y a-t-il des artistes, créatifs, chanteurs, humoristes dans la salle ? Nous avons besoin de vous.
 
Article rédigé par : Monique Busquet
Publié le 03 octobre 2022
Mis à jour le 03 octobre 2022